Culture du tabac : un drame cornélien !

Alors que les paysans de la commune Muhanga tiraient l’essentiel de leurs revenus de la culture du tabac dans le bas-fond de Nyagasambi, le gouvernement a décidé de le remplacer par du maïs hybrides jugé plus productif. Les paysans se lamentent de ne pas gagner autant qu’avec le tabac. Connaissant la nocivité du tabac sur la santé de l’homme, fallait-il vraiment privilégier cette culture au nom de l’argent ? Le gain ou la santé ? Difficile de trancher.

Depuis fin 2021, le tabac a perdu ses rênes à Muhanga. Les paysans de Muhanga ont été  contraints par les autorités compétentes d’adopter la culture du maïs, du riz ou du haricot à la place du tabac. Certains, malgré la verdure de leur maïs hybride (PANAR Sud-Africain), gardent la nostalgie des liasses qu’ils palpaient avec sensualité à la vente du tabac.

Ils affirment qu’avec la vente du tabac, ils pouvaient gagner jusqu’à 1.500.000 FBU et pouvaient s’acheter des animaux domestiques, se construire une maison en dur, payer les frais de scolarité de  leurs enfants… Ils affirment que le tabac laisse le sol plus fertile; ce qui permettait aux cultures qui lui succédaient d’être plus productives, en particulier le maïs et la pomme de terre. Le tabac est d’ailleurs un puissant pesticide.

L’impact sur la santé

Nous ne pouvons pas néanmoins ignorer combien le tabac est nuisible pour la santé. L’histoire entre les deux est autre sauf celle d’amour.

Tenez : selon l’OMS, le tabac tue plus de 8 millions de personnes chaque année. Parmi ceux-ci, plus de 7 millions sont des consommateurs ou anciens consommateurs tandis qu’1,2 millions sont des fumeurs passifs, c’est-à-dire des non-fumeurs exposés à la fumée dégagée par le tabac brulé).

Selon les statistiques nationales, près d’un Burundais sur cinq sont confirmés fumeurs alors que 2 sur 5 personnes hospitalisées le sont à cause des conséquences liées à la nicotine (toxine du tabac). 20% des décès au Burundi seraient liés directement ou indirectement au tabac.

Selon toujours le rapport de l’OMS, près de la moitié des enfants respireraient régulièrement un air pollué par la fumée de tabac dans les lieux publics. Le tabagisme passif serait responsable des maladies qui causent la mort de 65.000 enfants. Toujours sur le tabagisme passif et selon l’OMS, il serait responsable des complications de grossesse ainsi qu’un faible poids du bébé à la naissance.

La fin devrait-elle justifier les moyens ?

Avec la pauvreté que traverse notre pays, tout moyen semble désormais bon pour gagner de l’argent : la fraude, la malhonnêteté,  le commerce illicite, etc. Mais la faim ne devrait pas nous faire perdre la raison. Le tabac, malgré ses appâts  reste nocif pour la santé.

C’est vrai que les paysans qui le cultivent ne sont pas nécessairement des consommateurs. Mais ont-ils le droit de tuer les autres ?

Difficile de trancher ! Un vrai choix cornélien à la fois pour le pays et le paysan !