
02 Jan Culture du thé : Des roses et des épines…
Le Burundi à travers l’Office du thé du Burundi (OTB) se réjouit de la place qu’occupe le thé burundais au niveau international, mais le petit paysan à qui on doit cette place n’y voit pas que des roses, mais aussi beaucoup d’épines ! Une plantation théicole exige une mobilisation humaine importante et offre donc des emplois. Néanmoins, certains paysans pensent que cette culture profite plus à l’Etat qu’au paysan.
Il y a quelques mois, le prix d’un kilo de feuilles de thé s’achetait à 280F. Le prix a été revu à la hausse et s’achète maintenant à 500 Fbu, le double presque ! « Toujours pas assez comparé aux efforts investis » déplore N.D, habitant de la commune Mugamba.
Travailler sur un chantier théicole est reconnu pour être pénible. Pour L .G, un théiculteur de la commune de Gisozi, province de Mwaro, « le gouvernement devrait considérer cette plante comme les autres cultures, c’est-à-dire laisser au paysan la liberté de la cultiver ou pas ». Il fait savoir que le thé n’est pas rentable au vu des efforts et moyens investis pour l’entretenir. Il aurait déjà abandonné cette culture mais craint d’être sanctionné par les autorités administratives.
Si les projets de développement vantent leurs capacités à créer des emplois, il faut néanmoins s’interroger également sur les conditions dans lesquelles travaillent ces ouvriers? Sur le caractère décent de cet emploi comme l’exige de plus en plus l’Organisation Internationale du Travail. Une question qui reste plus ou moins tabou.
Un changement de mentalité est nécessaire
Pour les paysans du Mugamba, le thé c’est sacré. « Dire du mal du thé ici est presque un sacrilège. Certains ménages n’ont pas d’autre source de revenu, ou plutôt ne veulent pas chercher d’autre source de revenu. Le thé est un véritable mythe pour eux. » nous dit toujours N.D.
Après la paie par l’OTB, certains hommes vident aussitôt la cagnotte perçue dans les bars. C’est leur paie de fin du mois à l’instar des fonctionnaires qu’ils imitent.
Il serait néanmoins injuste de ne pas reconnaitre l’importance de la régularité de cette modique somme. Elle allège les souffrances des paysans et certains ne vivent que d’elle et éduquent correctement leurs enfants.