
23 Jun Le fumier végétal : avantages et limites
Alors qu’il est aujourd’hui très difficile d’avoir de la fumure organique composée exclusivement d’excréments d’animaux pour amender les champs, les paysans font recours au compost constitué de résidus de cultures, de déchets ménagers et des herbes pour l’associer au peu de fumure organique qu’ils obtiennent des animaux. Bonne idée mais non sans défis.
Le défis à relever est la disponibilité de la matière première surtout les herbes utilisées pour le compostage. Tenez par exemple sur la colline Gisyo de la commune Gatara en province Kayanza, un tas d’herbes s’achète entre 1500 F et 2000 F !
Gervais Nkurunziza, paysan de la colline Rorero, commune Kabarore, province Kayanza, déplore « Nous ne pouvons pas avoir assez de biomasse car les efforts pour planter des herbes sont réduits à néant par des voleurs ».
Un grand investissement mais très bien rémunéré
Gérard Nduwimana de la même colline a su en tirer profit : Membre de la coopérative Tuzamurane, il a fait du compostage, une activité génératrice de revenus. Il affirme pouvoir doubler voire même tripler, après-vente, le capital utilisé pour acheter les herbes. « Avec 100.000 FBU utilisés pour acheter les herbes, je peux ressortir du compost d’une valeur comprise entre 200.000 FBU et 300.000 FBU. » Bien qu’il n’ait pas valorisé la main d’œuvre, le bénéfice reste important.
Plus écologique…
La fumure organique atténue certaines évolutions défavorables de la fertilité et a des effets nettement positifs à de nombreux égards.
Agée de 55 ans et cultivatrice en province Ngozi, Madeleine a déclaré : « Les engrais chimiques sont à l’origine de la dégradation et de l’appauvrissement des sols .C’est vrai qu’avec la fumure organique, la croissance des cultures était plutôt lente. » Néanmoins, quelque temps après, elle a regretté son choix : « Ces engrais chimiques ont petit à petit détérioré notre sol. Plus rien ne poussait après quelques années. »
Néanmoins selon les agronomes…
Selon les agronomes de l’école classique : ‘’A plus long terme, la fumure organique ne peut assurer à elle seule un bilan minéral équilibré à cause des exportations des éléments nutritifs par les cultures. La simple restitution des résidus de culture sur le même domaine est donc insuffisant pour garder un bon niveau de production. Des apports complémentaires d’engrais minéraux sont souhaitables pour ces raisons’’.
Totalement faux rétorquent les militants de l’agroécologie
Les pratiques agroécologiques ne se réduisent pas seulement au compostage, mais nécessitent d’être complétés par des systèmes intégrés de production qui participent à la remontée de certains éléments nutritifs ou des arbres agroforestiers qui rejettent de la matière organique et d’autres techniques encore qui rendent à moyen terme les engrais chimiques inutiles.
Vous trouverez des informations précieuses dans le tout récent : Recueil des pratiques agroécologiques dans la région des grands-lacs et que viennent de publier les organisations ADISCO, UHACOM, DIOBASS et FOP.