Malgré des sommes relativement importantes investies pour ‘’sauver’’ la gente paysanne, force est de reconnaitre aujourd’hui que la pauvreté rurale en Afrique ne fait que s’accentuer, et ce, malgré des taux de croissance économique élevés.
Le livre ‘’Pour la dignité paysanne’’ de Deogratias NIYONKURU, justifie cette situation par un constat majeur : La majorité des paysans a perdu l’estime de soi et est réduite à vivre dans le fatalisme sans aucune perspective d’amélioration de leurs conditions de vie. Ils ne croient plus dans leur métier et ne trouvent pas de ressorts pour les éjecter de ce carcan.
Cette perte de confiance en soi est la conséquence de nombreuses exploitations dont sont victimes les paysans. On peut citer :
- La réduction du développement à la seule amélioration des revenus au détriment des questions fondamentales de la qualité de vie, du capital social, de la culture, de la spiritualité qui conduisent à la marchandisation des sociétés, de la dignité en somme ;
- Des agences de développement qui privilégient les paysans les plus riches considérés plus entreprenants, des filières commerciales et des monocultures peu durables, et excluent ainsi la grande majorité des paysans en renforçant les inégalités. Ce sont ces privilégiés qui, profitant de la détresse des petits paysans, achètent leur récolte sur pieds ou à de vils prix, rachètent leurs terres et parlent en leur nom, alors qu’ils ne partagent guerre les mêmes préoccupations ;
- Des gouvernements soucieux d’acheter la paix des mouvements urbains et privilégient des importations massives des produits agricoles et imposent des politiques agricoles axés sur des filières marchandes et qui affament les populations ;
- Des organisations et des pratiques humanitaires qui hypothèquent toute chance de développement par la gratuité qui transforme les populations en mendiants éternels ;
- La ponction de l’essentiel de la valeur ajoutée par les acteurs en aval et en amont des filières;
- L’achat des consciences lors des campagnes électorales par certains partis politiques leur privant ainsi de la capacité d’exprimer leurs priorités et d’exiger un minimum de redevabilité aux élus ;
- L’abandon des jeunes ruraux instruits à leur sort ;
- Le tout couronné par le refuge dans l’alcool, les églises de réveil et une natalité excessive.