Association pour la Diginité Paysanne, B.P. 2695 Bujumbura - Burundi, Tél : (+257) 22 25 93 38, E-mail : info@adip-burundi.org

Programme

L’Observatoire des politiques agricoles pourquoi et pour quoi ?

Les blessures d’une vie d’un cadre de développement; Deogratias NIYONKURU, raconte…

 

Au Zaïre, l’aide humanitaire

 

En 1993, après un travail difficile et patient de 5 ans au sein du programme Tomibikisa[1], nous avions réussi à améliorer considérablement la production et la commercialisation du riz pluvial dans le territoire d’Isangi, province orientale dans ce qui était alors le Zaïre de Mobutu.

Le pays était sous de lourdes sanctions de la communauté internationale pour tenter de faire plier  le régime de Mobutu. Ces sanctions avaient conduit à une inflation galopante qui pouvait atteindre 20%par semaine induisant une paupérisation indicible des populations, en particulier dans les villes.

La colère de la population s’exprimait régulièrement par des pillages des magasins et des entreprises qui ne faisaient d’ailleurs qu’enfoncer cette misère. Face à cette situation, la Belgique décide d’apporter une aide humanitaire composée surtout de riz à la ville de Kinshasa.

Du jour au lendemain, le prix du sac de riz de 60 kg qui coutait 50 dollars US à Isangi, tombe à moins de 30$. Les efforts de cinq ans sont ainsi anéantis et 5 millions de Deutsch Mark (le projet était financé par la coopération allemande avant l’euro) partent en fumée…

 

Au Cameroun, les importations massives du poulet congelé

 

En 1998, je rentre dans une ONG Suisse établie au Cameroun qui avait investi des moyens considérables dans la promotion de petits élevages de poulets depuis 1996. Une activité devenue florissante, une vraie success story jusque fin 2000 lorsque tous ces élevages ferment un à un. Et pour cause : les importations massives des découpes de poulet congelés se vendaient 2 à 3 fois moins chers que le poulet local. C’est alors que nous avons engagé un des plaidoyers les plus solides pour faire interdire ces importations. Succès éclatant, sauf que 10 ans après ces interdictions, elles viennent à nouveau d’être autorisées…

 

Au Burundi, la privatisation de la filière café

 

Quand je rentre au Burundi en 2006, INADES Formation Burundi avait réalisé un formidable travail de structuration des petits caféiculteurs du Burundi qui venaient de mettre en place une confédération nationale : la CNAC (Confédérations nationale des associations des caféiculteurs du Burundi) qui espérait participer dans la gestion d’une filière vitale qui devait être bientôt privatisée…

En 2009, cependant la Banque mondiale met une forte pression sur le Gouvernement du Burundi pour vendre l’outil industriel à des multinationales privées qui,  disait-elle   en avaient les capacités financières et techniques. Quelle déception pour les paysans qui se lancèrent dans une vaste campagne de plaidoyer qui aboutit à une solution mi-figue, mi-raisin entre 2013 et 2018 mais qui fut stoppée net par une renationalisation de la filière café.

Ces jalons restent des preuves indélébiles que les initiatives volontaristes des programmes des ONG de développement (et d’ailleurs parfois aussi de la coopération bilatérale et multilatérale) quel que soient leur qualité peuvent être rapidement anéanties par des choix ou décisions politiques.

 

Et alors l’observatoire des politiques agricoles ?

 

C’est fort de ces expériences que dès la création de l’ADIP, nous avons décidé de faire du plaidoyer un axe prioritaire de notre stratégie d’intervention. Ce travail de plaidoyer et d’alerte se déroule au sein d’un observatoire des politiques agricoles qui a pour mission d’infléchir les politiques de développement en faveur des petits paysans. L’observatoire pourrait évoluer si nécessaire vers une entité séparée, mais démarre comme un programme d’ADIP.

L’observatoire des politiques agricoles se veut devenir un centre d’alerte sur toutes les pratiques/politiques agricoles ou non qui peuvent affecter le monde rural et se dote progressivement de ressources à cette fin.

L’observatoire organise des missions de prospection sur les grandes préoccupations paysannes grâce à une cohorte de pigistes et journalistes déployés sur l’ensemble du pays afin de publier des notes régulières d’information et/ou d’alerte sur les questions agricoles que ce soit en ligne ou en en version papier très limité. Il s’agit surtout des rubriques : Echo des campagnes et le Blog d’ADIP.

L’observatoire organisera deux campagnes de plaidoyer chaque année en partenariat ou non avec le groupe de plaidoyer agricole qui regroupe les principales ONG nationales et Organisations paysannes les plus représentatives du pays. La cible principale du plaidoyer est constituée par les pouvoirs publics (ministères et parlement), mais aussi par les partenaires techniques et financiers.

 

[1] Sauvons-nous nous-mêmes en lingala