Malgré qu’ils se sont acquittés des avances et du solde dans les délais, les paysans des zones Buziracanda (commune Ndava en province Mwaro) et Mubuga (commune Gitega en province du même nom) sont lassés de recevoir les engrais au compte-goutte et avec des retards considérables. C’est l’ONG one acre fund Tubura qui a la prérogative de les leur procurer. Le mécontentement est à son comble.
« Si tu avais commandé un sac de 25 kilos, on ne te donnait que 4,5 kilos pour le premier tour. Au deuxième tour, on doublait ce que tu avais reçu au premier tour. » lance Lydwine*, une paysanne de Mubuga.
Un peu de calcul : 4,5 kilos/25 donnent un pourcentage égal à 18,%. Une quantité insignifiante. L’année passée, la pluie ne posait pas problème. Elle était au rendez-vous mais la récolte n’a pas été à bonne suite au manque des engrais. « Ceux qui sont approvisionnés par Tubura ont reçu un peu d’engrais avant sa disparition totale. La situation était identique pour ceux servis par la commune.
Citant l’exemple d’une dame qui est déjà passée 3 fois récupérer son engrais commandé sans succès, les paysans affirment que c’est la même scène de l’année passée qui se répète. Dans la commune, on y retrouve l’engrais Totahaza (considéré équivalent de l’urée ) mais pas d’Imbura (équivalent du DAP).
« Vous vous imaginez de devoir faire la queue pendant toute une semaine sans recevoir ton engrais » se lamente une autre paysanne sur un ton décou
ragée.
Cap sur Fota en commune Ndava…
Sur la colline Rango, commune Ndava en province Mwaro, Tubura applique la même formule qu’à Mubuga : le compte-goutte. Les 4.5 kilos qu’on donne sur une commande d’un sac de 25 kilos ne peuvent amender qu’une superficie de 2 ares selon un paysan.
« Après un ou plusieurs mois, on peut nous appeler et nous dire qu’un autre lot d’engrais est arrivé, mais on obtient des quantités insignifiantes. Même sans la grave sécheresse de cette saison, l’engrais que nous recevons ne servirait pas à grand-chose. » indique Joseph Nsengiyumva.
Et de poursuivre : la situation est identique pour l’engrais fourni par la commune..
« Nous demandons qu’ils fabriquent de l’engrais en quantité suffisante et qu’ils nous le procurent à temps afin que dès que le ciel lâche les premières gouttes de pluie nous puissions mettre les graines sous terre. » demande Gédéon Bunkere de la même colline.
Les paysans sont amers et réclament la réforme du circuit de distribution des engrais.
Certains en colère ne mâchent pas leurs mots : « S’ils ne sont pas à mesure de nous les donner, qu’ils nous remboursent notre argent et cessent de ne nous embêter pas avec des promesses fallacieuses ».
La question du manque et du retard des engrais doublée de celle de la sécheresse commence à peser sur les paysans et l’ensemble du pays et nécessite d’être sérieusement réfléchie à haut niveau, sinon « l’année de la révolution agricole au Burundi pour faire de l’agriculture un moteur de relance économique.» telle qu’annoncée par le Président de la république risque de gripper.
Arsène Ngabirano