Le commerce des avocats de la province de Kayanza vers la Tanzanie est en plein essor.  La population locale quant à elle s’interroge sur les retombées qu'elle pourra tirer de cette exportation. La production des avocats à Kayanza connaît un réel succès, mais les habitants de la localité constatent que ce n’est pas à eux que cela profite en premier ni au Burundi d’ailleurs.  La majeure partie des récoltes est acheminée vers la Tanzanie.   

Ce sont les plaintes de la population de la zone Kabuye, commune et province Kayanza, rencontrée ce mardi le 10 octobre 2023.  Cette zone produit  des avocats en quantités importantes. Cependant, la population affirme que ces délicieux fruits se vendent à des prix exorbitants sur le marché local. Selon elle, un avocat qui s’achetait autre fois à 200 Fbu, se négocie aujourd’hui entre 400 et 500 Fbu. Cette augmentation de prix suscite une inquiétude légitime de la population. Pourtant les producteurs en produisent à la pelle ! Ces derniers les vendent auprès des exportateurs à des prix variables, allant de 100 à 1200 Fbu par kilo. 

Nous le savons tous, le Burundi fait face à un manque criant de devises qui entraine la carence des produits de première nécessité comme le carburant et les médicaments. L’avocat deviendra-t-il bientôt un des secteurs clés source de devises à l’instar du café et du thé ?

Pourvu que la règlementation en vigueur soit respectée et que le marché local soit aussi servi ! Le gouvernement devrait prendre en mains cette question et la règlementer pour en tirer le meilleur pour le pays et la population burundaise ! 

Pourquoi la zone Kabuye ? 

Emmanuel Barukinamwo, un résident de la zone Kabuye, explique : « Kabuye est une région réputée pour sa culture maitrisée des avocats greffés. Elle abonde en divers fruits, et la pratique du greffage s'étend à tous les autres fruits cultivés dans cette zone. C'est une localité qui produit une grande quantité d'avocats. Mais les avocats récoltés sont exportés sans que la population de la localité ou même de tout le Burundi ne puisse en bénéficier. B.M(Les initiales de son nom) un commerçant d'avocats à Kayanza, a aussi révélé que les prix des avocats ont considérablement augmenté depuis le début des exportations, depuis environ 2 mois de sorte que  ces commerçants sont obligés de chercher des avocats dans d’autres communes plus reculées, ce qui entraîne une augmentation des prix. 

Réflexion sur les échanges entre ce pays des montagnes et celui des grandes plaines

La Tanzanie est un grand exportateur d’avocats vers les pays européens dont la France et les Pays Bas qui viennent de caracoler en tête de peloton depuis que les avocats sud-Américains sont accusés d’assécher les terres suite à une irrigation intensive, et boudés pour recourir au travail des enfants.  En 2020, la Tanzanie comptait plus de 10 000 agriculteurs producteurs d’avocats, et leur exportation les a permis de générer un chiffre d’affaire d’environ 12 millions de dollars. [1]  On peut dès lors se demander si le Burundi ne peut pas saisir cette opportunité pour son propre compte. Le Burundi avait initié un programme national de plantation des avocatiers sous l’impulsion du Président Nkurunziza! Rappelez-vous du terme ‘’Amapita que l’on donnait à ces avocats ! L’Etat ne pourrait-il pas  embrayer dessus en encourageant et en facilitant la production et l’exportation de cette « perle verte » ?

Signalons aussi en passant qu’il existe une usine  de l’association Amici Dell Africa ’Dutezanye imbere de production de l’huile d’avocat, à Murayi, dans la province Gitega…

[1] Avocats: La Tanzanie veut devenir un exportateur majeur – AgriMaroc.ma