Les producteurs agricoles n'ont pas froid aux yeux lorsqu'il s'agit de mélanger des denrées alimentaires et des produits chimiques. Sous couvert de protéger les récoltes de haricots et de maïs contre les insectes nuisibles, ces pratiques visent à prolonger la durée de conservation des aliments. Pourtant, cette technique sulfureuse soulève de légitimes interrogations. Si elle peut effectivement maintenir la fraîcheur des produits, elle comporte des risques extrêmement préoccupants pour la santé des consommateurs. Un danger sanitaire qui ne peut être ignoré. 

Ce 10 juillet 2024, dans la province de Kayanza, Bernardin Nyabenda, le Technicien pour la promotion de la santé (TPS) en commune Kayanza, tire la sonnette d'alarme. Selon lui, le produit chimique Malathion, massivement mélangé aux denrées alimentaires par de nombreux paysans, représente un danger sanitaire majeur pour la population. Certes, ce pesticide est couramment utilisé à faible dose pour lutter contre les moustiques et autres insectes nuisibles. Mais mélangé de manière incontrôlée aux produits alimentaires, il s'avère être un véritable poison pour la santé humaine. Les risques d'intoxication sont bien réels et ne peuvent plus être ignorés. 

Le recours à des produits chimiques mélangés aux denrées alimentaires, dans le but de les prémunir contre l'attaque des insectes, ne manque pas d'inquiéter. Cette technique vise à accroître la durée de conservation des aliments. Néanmoins, bien que les effets de ces substances sur l'organisme humain n'aient pas fait l'objet d'études approfondies, certaines recherches préliminaires laissent entrevoir des risques toxiques, voire cancérigènes, particulièrement préoccupants. Il est également préoccupant de constater que ces mêmes produits chimiques sont utilisés pour traiter les poux de tête, entraînant des effets secondaires tels qu'une respiration sifflante, une sensation d'oppression dans la poitrine ou la gorge ; difficulté à respirer, à avaler ou à parler ; enrouement inhabituel[1].

La plupart des agriculteurs conservent leurs récoltes après les avoir mélangés au malathion acheté au marché. Les produits alimentaires concernés sont surtout les haricots et les maïs.  

Face à cette situation, Bernardin appelle à privilégier des méthodes de protection naturelles, comme le mélange à la cendre, une alternative saine et responsable à promouvoir.

La population alerte sur les risques sanitaires

Les consommateurs s'inquiètent des graves conséquences sur la santé en l'absence de mesures. Ils exhortent l'État à organiser des campagnes de sensibilisation. L'objectif est d’instruire sur les modalités d'utilisation de ces produits chimiques. Distinguer ceux compatibles des denrées alimentaires de ceux à proscrire. Car l'ignorance de leur dangerosité compromet gravement la santé des consommateurs de ces aliments contaminés. Pourtant, Isidore Niyonzima, l'agronome communal de Muruta, se veut rassurant exprimant que si la commercialisation du produit est approuvée, donc il n'y a rien à craindre pour la santé. Mais d'autres producteurs sont plus préoccupés par la protection de leurs récoltes que par les risques de ces substances chimiques. 

Face à ces enjeux cruciaux, ne devrions-nous pas exiger l'usage de produits naturels par les agriculteurs ? Après tout, la santé des citoyens ne saurait être sacrifiée sur l'autel de la commercialisation de produits chimiques nocifs, même si cela n'apporte qu'un faible retour fiscal aux commerçants. 

Les autorités sanitaires se doivent d'intervenir avec fermeté. Car ces pratiques néfastes amènent au risque de menacer la sécurité alimentaire de toute une population.  

Ne faudrait-il pas prioriser l’utilisation des sacs PICS (Purdue Improved Crop Storage)? Il s’agit des sacs à trois couches avec deux couches de polyéthylène à l’intérieur d’un sac tissé. Ils sont susceptibles d’éliminer les dommages causés par les insectes dans les magasins de céréales tels que le maïs, le blé, le riz, les arachides et bien plus. D’ailleurs, le Gouvernement du Burundi avait facilité l’accès à ces sacs sous forme de subvention, en 2019 sur un prix de 5800 Fbu le Sac[2], il reste à savoir si ces sacs peuvent encore être disponibles. 

Notons que l’usage du malathion est interdit dans l’Union européenne dès le 1er décembre 2008. Selon wikipedia, c'est un produit peu persistant dans le sol (ANSES) mais il est très écotoxique notamment pour les organismes aquatiques, les abeilles et les oiseaux6, et son principal produit de décomposition, le malaoxon est très toxique. 

[1] Malathion : Indications, effets secondaires, avertissements - Fmedic 

[2] Des emballages pics pour une bonne conservation de la récolte (rtnb.bi)